Le futur a besoin de temps

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Je vous livre ici, le texte d’une ancienne conférence auquel j’avais participé dans le cadre des « Adobe Creative Day » organisée par Benoît Drouillat de Designers Interactifs. La vidéo ci-dessus était projetée lors de mon intervention pour illustrer deux approches de l’utilisation des outils numériques pour la création.

Frederic Sofiyana – Adobe Creative Day Thème : Le futur des métiers de la création
Juin 2013

Une réflexion décousue de ce que j’ai nommé :
Digitale landscape et arte povera Digital – Du réel au Virtuel et du Virtuel au réel.

Toujours plus vite

Les outils nous permettent d’aller de plus en plus vite avec la dématerialisation, le numérique. Il existe même des algorythmes qui permettent des créer des images en un clic. Grace à la synthèse, nous pouvons recréer tout ce que nous imaginons, du pixel art à l’ultra réalisme. On copie colle, on assemble, nous composons grâce à des bibliothèques et algorythmes préinstallés.
Les supports évoluent et nous offrent encore de nouvelles formes d’écritures visuelles (3D, AD Screen, holographie, paper screen souple, le corps déconnecté et la réalité virtuelle).
Les outils vont de plus en plus vite, jusqu’au rendu en temps réel de logiciel demandant énormement de ressources. Les performances demandent encore à être améliorées. Nous y sommes presque !

Si demain il nous suffisait de penser une image pour qu’elle se réalise sans aucune autre action de notre part, qu’en serait le résultat sans une appréhension manuelle et une confrontation avec l’outil ?
Quoi qu’il en soit, la pensée, la réflexion, l’expérience, la maturation d’une idée restent la base de toute création. Et cela demande du temps.

Prendre du temps

On ne peut pas dissocier le futur des métiers de la création sans parler des idées et concepts induits, propres à ces metiers.
Face aux médias qui se mettent au pas de cette temporalité exaserbée et demandent aux créatifs d’aller encore plus vite.

Il est important de se recentrer sur les idées. Une approche qui demande du temps, le temps nécessaire à la maturation d’une création ! Le temps nécessaire à l’observation ! Du temps pour créer de la densité, de la force, de la mémoire. Pour nous offrir autre chose qu’un rêve en solde, un rêve déjà pré-installé et rassurant. Nous sommes bien tous dans le présent. Les tendances le prouvent et servent à celà. A nous inscrire dans la même modernité.

Prendre des risques

( Se cacher derrière un rendu, une écriture propre et spécifique à un outil sans se le réapproprier est productif et rassurant, car il ne nous implique pas personnellement. )

A l’ère du pré-numérique, il fallait attendre de développer sa pellicule avant de pouvoir observer ses photographies. Le risque faisait partie du quotidien des créatifs et créateurs. Manipuler l’aléatoire a du bon, il rend possible la surprise, l’étonnement, la libération de quelque chose qui nous échappe. Passer par une étape manuelle ou mécanique au sein d’un projet ajoute cette notion de risque.

(L’appropriation de l’art par l’art.)

Digital Landscape

L’image numérique ou digitale comportait une connotation d’imagerie froide cassant l’approche manuelle, intuitive et sensible.
Désormais c’est un outil que nous nous sommes appropriés. Nous nous sommes inspirés des défauts liés à son évolution, à ses balbutiments et à ses représentations très schématiques (ligne, facette, pixel, etc…). Tous celà fait partie de la culture numérique et nous offre un prisme supplémentaire, une écriture nouvelle que nous appréhendons avec recul. C’est désormais un outil comme un autre.

Un retour au source, Arte Povera

On observe un retour en arrière dans les procédés, les techniques, les supports, ainsi qu’une utilisation plus intuitive, immédiate et complémentaire de ces outils numériques. Le numérique n’est plus un prétexte ni une fin en soi, il est pratique et sert des idées simples, presque artisanales.

(Nous contenons notre propre abstration.)

Conclusion

L’avenir de la création est de plus en plus lié à notre propre responsabilité. Les images servent à la representation que nous nous faisons de nôtre monde et nous permettent de nous envisager dans le futur.
Quelle mémoire allons-nous retenir de cette frénésie du média?

Une très bonne, si toutefois nous faisons preuve de courage pour créer un monde étonnant, riche et varié où il devient encore possible de contempler l’instant présent !

L’aller retour du virtuel au réel nous permet de créer une distance, de mieux comprendre notre monde et notre regard sur celui-ci. Les outils numériques nous aident aussi à cela.

Les exemples suivant montrent une appropriation des nouveaux outils afin de créer un écho au réel indispensable à notre compréhension du monde.